Vers la réussite scolaire: Vivre avec des troubles de langage
- Mademoiselle La Secrétaire
- 13 sept. 2018
- 6 min de lecture

Dans cet article, je désire vous partager des informations sur les troubles de langage. En racontant mon histoire, je vais vous expliquer les manifestations de la dysphasie. À la fin du texte, je vous donne des idées d'interventions et quelques bonnes attitudes à avoir avec une personne qui vit avec cet état.
Mon début : À ma naissance, j’ai manqué d’oxygène pendant quelques minutes. Mon corps était tout bleu. À l’époque, les professionnels de la santé ne savaient pas si la dysphasie était causée par cette absence d’air. Même aujourd’hui, ils ne connaissent pas exactement la cause de ce trouble. Ils savent que celui-ci est d’origine neurologique. Dans d'autres mots, c’est un mauvais fonctionnement du cerveau. De façon générale, un enfant d’environ de 2ans est capable de faire des phrases simples. À 3ans, celui-ci est capable de faire des courtes histoires avec un vocabulaire plus large. À 5ans, il est capable de faire des histoires plus longues. Autour de ces âges, l’individu fait l’apprentissage de la parole. Pour ma part, j’arrivais à peine à parler et je bégayais énormément. Ma mère se disait que j’avais seulement un petit retard de langage. Autour de 5ans, c’est la maternelle. Le directeur avait conseillé à ma mère d'aller consulter une orthophoniste. Cette professionnelle m’avait fait réaliser divers exercices. J’avais passé aussi un test de son avec un audiologiste. Mon trouble n’était pas lié avec mon audition. Dans certains cas, l’enfant peut consulter un travailleur social, un physiothérapeute et un ergothérapeute. Suite à mon évaluation, l’orthophoniste avait donné le diagnostic de dysphasie sévère type dyspraxique. Celle-ci m’avait suivi tout au long de mon primaire et de mon début du secondaire. C’est-à-dire de 5ans à 15ans. Elle a été une aide précieuse pour moi et pour ma mère! Grâce à elle, j’ai pu pousser mes limites au maximum!
Mon primaire :
Durant mes étés, je réalisais beaucoup d’exercice de langage comme la prononciation de son. Par moment, je ressentais de la colère quand je voyais les autres enfants joués dehors. Parfois, je refusais de pratiquer, car je n’avais pas le goût de les faire et j'était tannée. À cette époque, je n’avais pas la conscience de l’importance de ces exercices. Je vais toujours me souvenir d’une rencontre avec une jeune. Quand on discutait avec elle, celle-ci parlait très bien. Lors de cette rencontre, l’orthophoniste posait des questions de compréhension. Celle-ci avait des difficultés à donner la bonne réponse, à comprendre le sens de la question et de faire le lien entre la question et l’histoire. La dysphasie peut affecter différentes sphères de la parole(l'expression verbale et la compréhension).Durant cette période, comme beaucoup d’enfants, j’ai vécu de l’intimidation verbale et physique. Je passais mes réactions avec les professeurs ou avec moi-même. Malgré ma grande difficulté en français, je devais suivre les cours d’anglais. Après certaines observations de mon comportement, le directeur avait décidé de me les retirer pour les remplacer par des périodes avec un éducateur. Pendant un été, j’avais participé à des activités préparées par l’association québécoise de la dysphasie. Ces journées permettaient de m'amuser et de briser mon isolement. En même temps, ma mère discutait avec d’autres parents.
Mon secondaire :
Le directeur avait décidé de me placer en cheminement continue. C’était reparti pour les cours d’anglais. Encore une fois, après quelques mois, ces cours avaient été enlevés de mon horaire. Je n’arrivais pas à suivre les autres. Un jour, j’avais dit à ma mère que je voulais être au secondaire normale comme les autres. Avec mes efforts, avec ma persévérance, avec l’aide des professeurs et de mes parents, j’ai resté seulement une année. Dû à mon état, souvent les professeurs me laissaient davantage de temps pour mes examens. Parfois, mes compositions oraux, je les réalisaient seulement devant le professeur. Quand j’ai arrivée en secondaire un, le directeur avait décidé de remettre les cours d’anglais dans mon horaire. Encore une fois, je n’arrivais pas à suivre les autres. J’avais resté seulement une demi-année. Selon la loi, la réussite des cours de la langue secondaire est obligatoire pour obtenir le diplôme. Tout au long de mon secondaire, ma mère s’était battue pour avoir une dérogation. Elle avait préparé un dossier de mon parcours scolaire avec des lettres de l’école et de l’orthophoniste. À la fin du secondaire, c’est le choix des études. Je voulais devenir technicienne en santé animale. Il avait juste un problème, les livres étaient seulement en anglais.
Mon début de ma vie d’adulte :
J’ai réussi à faire mon baccalauréat interdisciplinaire en arts. Pour les cours théoriques comme l’histoire de l’art, il avait une personne qui écrivait mes notes, car c’était difficile pour moi d’écrire en écoutant le professeur. Je n’arrivais pas le suivre. Lors des examens, les professeurs me donnaient davantage de temps. Suite à ces études, ma dysphasie n’avait pas empêché de me trouver un travail et d’exposer au Centre des Arts et de la Culture à chicoutimi. Mon état me posais des difficultés et des limites lors de mon retour à l’école. En effet, ce n’était pas évidant d’obtenir un diplôme en éducation spécialisé avec ma condition. Lors de mes stages, j’ai dû trouver des stratégies pour me faire comprendre par la clientèle. Tout au long de mes études, j’avais utilisé antidote et wordq. Grâce au programme wordq, je voyais mieux mes fautes, car celui-ci lit le texte à haute voix. Aujourd’hui, j’utilise encore ces programmes. Un jour, l’association québécoise de la dysphasie m’avait envoyé un courriel, car elle voulait un témoignage. Elle avait organisé une après-midi avec des jeunes adultes dysphasiques. On parlait de notre parcours et de notre travail. Il y a un an, j’ai décidé de consulter une orthophoniste, car je trouvais que mon langage s’aggravait et mon entourage avait plus de difficulté à me comprendre. Elle a refait une nouvelle évaluation. Mon diagnostic de dysphasie sévère type dyspraxique est devenu dyspraxie verbale avec bégaiement. Depuis ce temps, je vais la voire de façon régulière. Elle m’apprend diverses techniques comme l’allongement des syllabes et parler sur son souffle. Malgré mon amélioration, parfois, j’ai encore de la difficulté à m’exprimer. J’éprouve des difficultés à prononcer correctement les mots dans certaines occasions. Le son ‘r’, je suis incapable de le dire. Parfois, j’ai de la difficulté à dire le commencement de mes phrases. Au niveau de la lecture, par moment, je peux avoir de la misère à dire certains mots. Le stress, les émotions et la fatigue peuvent affecter mon contrôle de ma parole.
Comme pour les troubles d’apprentissage, le trouble de langage est présent tout au long de notre vie! Mon état m’a appris à être travaillante, patiente et persévérante. Malgré celui-ci, j’ai un coté très sociale. J’ai toujours dit: la dysphasie ne va pas prendre le dessus sur moi et elle ne va pas diriger ma vie. J’ai appris à vivre avec celle-ci et à aller chercher des outils.
En conclusion, la dysphasie c’est :
L’affectation des trois paramètres du langage : la forme, le contenu et l’utilisation. Il y a aussi la compréhension de ces trois paramètres du message de son interlocuteur.
-la forme est la prononciation des mots et des phrases (comment l’individu formule son message).
-Le contenue est le vocabulaire choisi et l’habilité à retrouver ses mots (de quoi la personne parle).
-L’utilisation est la façon d’rentrer en communication avec l’autre (comment la personne livre son message).
-La compréhension est la difficulté à comprendre : des concepts de base, des structures de phrase, du vocabulaire, des éléments de syntaxiques et des questions comme avec quoi.
Dans certains cas, l’individu peut avoir d’autres problématiques associé à ce trouble comme une difficulté de motricité et une difficulté de généralisation.
Des interventions pour favoriser la communication chez l’enfant:
-Parler lentement en utilisant peu de mots à la fois et en articulant bien.
-Élaborer divers moyens compensatoires visuels pour favoriser la communication.
-Ne pas hésiter à répéter plusieurs fois.
-Choisir un thème qui suscite son intérêt et faire appel à ses forces.
Des interventions pour favoriser la compréhension verbale chez l’enfant:
-S’assurer que le jeune connait la signification du vocabulaire employé.
-Illustrer la routine à l’aide de pictogrammes.
-Vérifier si le jeune a bien compris en lui demandant de reformuler ce qui a été dit.
-Éviter une trop forte stimulation auditive, visuelle et verbale.
Des attitudes à avoir devant un enfant qui souffre de bégaiement :
-Lorsque l’enfant parle, écoutez celui-ci avec attention, patience et compréhension. Portez intérêt à ce qu’il dit et non comment il le dit.
-Soyez un modèle de parole pour lui. Utilisez une parole facile, souple et calme.
-Pour améliorer sa parole, l’enfant doit pratiquer, n’interrompez pas la personne et ne pas terminez ses phrases à sa place.
-privilégiez des phrases courtes et un vocabulaire simple.
-Choisir des activités en fonction de son bégaiement.
-En sachant que leur augmentation favorise le bégaiement, essayez de contrôler le degré de fatigue, de stress, d’émotions et d’excitation.
-Rassurez l’enfant.
-Avec l’aide de professionnel et de l’enfant, trouvez des techniques de contrôle de la parole.
Si vous voulez davantage d’informations, vous pouvez consulter le site de Regroupement Langage Québec. Pour un jeune qui vit avec un trouble d’apprentissage ou un trouble de langage, c’est important d’avoir l’appui de son entourage pour favoriser une réussite scolaire! Comme chaque jeune, l’individu dysphasique peut réussir dans plusieurs domaines, a des passions, a des forces et peut avoir un bel avenir! Il peut s’épanouir et avoir un bon développement personnel!
Parmi votre entourage, connaissais-vous une personne qui vit avec un trouble de langage?
Si oui, quels sont vos outils pour l’aidé? Comment vivez-vous cette situation?
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