Le travail d'hier à aujourd'hui
- Marilyn Brassard
- 5 sept. 2016
- 4 min de lecture

Manger, dormir, respirer, bouger, se vêtir, se loger, se laver et « s’évacuer » ne se monopolisent plus la pyramide de nos besoins à combler. Vêtements de marque (griffés), les produits de télécommunication, voiture, Internet, café, etc dominent les publicités, les magasins et nos pensées. Qui ne travaille que pour travailler? Plusieurs sont ceux qui regardent les jours défiler en attendant avec impatience la fin de la semaine pour enfin s’écrier : enfin le week-end! Rares sont ceux qui écourtent leurs vacances pour retourner au travail parce qu'il préfère travailler! Alors aujourd’hui, pourquoi travaille-t-on? De plus, est-il vrai de dire que nous travaillons plus que les gens du moyen-âge? La question est relative et pour nous faire une petite idée de la réponse, nous devons remonter le temps.
Tribalium
À l'époque de l'antiquité, le travail était mal vu puisqu'il était réservé aux pauvres et aux esclaves. Le mot « travail » provient du latin « tribalium » qui signifie instrument de torture. Selon l'église, un bon chrétien était celui qui ne fait rien pour se concentrer à la méditation et la prière. Le mot « Otium » que l'on traduit aujourd'hui par « oisiveté » alors qu'à cette époque il signifiait « loisir ».
Dans la pensée occidentale antique, les termes labor en latin et ponos en grec désignent la peine. À ce moment-là, le travail se distingue de l’œuvre accomplie et cette distinction l'emporte sur la division des tâches: qui effectue le travail (les pauvres et les esclaves) et qui profitera du travail accompli (les nobles).
Dans ces conditions, le travail est plutôt perçu comme étant contraire à la dignité humaine. Jusqu'à la fin du moyen âge, une lecture de la Genèse fait du travail une peine infligée à l'homme en vertu d'une punition divine pour expier sa faute.
Otium!
Au moyen âge, la société est toujours divisée en deux: ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas. En revanche, la structure de la société agricole s'est transformée. On ne n’accepte pas que les prêtres et les guerriers travaillent. Les propriétaires des terres utilisaient, sur le modèle de l'Antiquité, des esclaves comme main-d'œuvre. Ces derniers, non intéressés au rendement, sont peu productifs et sont coûteux en hiver.
Puis, l’église condamne l'esclavagisme entre chrétiens. On emploie désormais des hommes libres pour effectuer le travail. Toutes les activités finiront par être pensées comme travail non au sens d'effort et de peine, mais dans le sens de la fonction et de l'emploi.
Autour de l'an 1000, les gens travaillaient moins d'un jour sur deux. Il y avait plus de 190 jours de congé par année pour chaque fête de village, chaque fête des saints locaux, chaque fête nationale, etc. Les paysans ne travaillaient pas toute l’année. L'été, ils travaillaient du lever au coucher du soleil, mais dès qu'il commençait à faire froid, ils ne mettaient plus les pieds aux champs.
Même les entreprises de cette époque: Au coucher du soleil, on devait fermer la boutique. Les lois interdisaient que l'on travaille à la lueur des chandelles vu les risques élevés d'incendies. Les changements s’effectuent peu à peu. L'éthique protestante est pour beaucoup dans le rejet du mode de vie des religieux qui se consacrent à la prière et à la contemplation. Désormais, les religieux se réalisent désormais également dans la participation active pour la gloire de Dieu, les réalités sociales et économiques.
Le travail en échange de l’argent
L'introduction du denier d'argent est un succès. Il devient intéressant désormais de produire plus pour vendre les surplus.
Le dur labeur est peu à peu valorisé et devient la vocation qui permet à une personne d'exister et de s'intégrer dans une société. Le travail est désormais considéré comme faisant partie de la nature de l'humanité. De « peine infligée à l'homme », il est devenu dignité et preuve de l'attention de Dieu pour lui.
Mais l'introduction du denier d'argent amène peu à peu d'autres réalités à partir du XVIIIe siècle. L'émergence de la condition salariale et du mercantilisme est déterminante dans l'élaboration du statut du travail. On ne travaille plus pour accomplir une œuvre, mais pour se procurer de quoi vivre.
Le travail est centré sur le marché où s'échange sa valeur. Le plaisir et l'essence du travail ne viennent plus alors de l'acte lui-même, mais du revenu qu'il procure. Devenu valeur d'échange, il fait partie davantage de la condition humaine que de sa nature.La condition de chaque être humain dépend maintenant du revenu qu'il génère. La société s'est ensuite concentrée sur la productivité du travail.
La révolution du travail
C’est la révolution industrielle au XIX siècle. On crée des machines à vapeur afin d’augmenter la productivité et des usines ou les ouvriers travaillent à la chaîne. Ils travaillent en général 10 heures et plus par jour et leur salaire est calculé en fonction de couvrir leur besoin de base seulement.
À cette époque, les vacances n’existent pas. Les employés n’ont ni assurance-emploi, ni assurance-accidents du travail, ni assurance-retraite. Les ouvriers qui ne travaillent pas n’ont aucun revenu. La fin de ce siècle sera marquée par la révolution des travailleurs exigeants de meilleures conditions de travail.
Au XXe siècle, la question devient alors d'apprendre à vivre sans travailler et non plus comment mieux organiser ou distribuer le travail. Se propage l'idée de l'émergence d'une civilisation des loisirs, délivrée de toutes les aliénations, en étant affranchie de la contrainte du travail.
Pour conclure, nos motivations sont simples : le travail nous fournit les ressources nécessaires afin de combler nos besoins essentiels, c’est un fait.
Quant à savoir si nous travaillons plus qu’autrefois, la réponse reste relative. Personnellement, je suis d’avis que non. Au moyen-âge, bien que les paysans travaillent moins et à la clarté du jour, en revanche, la vie étant beaucoup plus difficile qu’aujourd’hui. Ceux-ci devaient immanquablement travailler très dur pour gagner leur croute de pain, denier ou pas denier au bout de la ligne.
En particulier pour les travailleurs du 19e siècle qui se tuaient littéralement à la tâche. Si nous avons les conditions que nous avons aujourd’hui, c’est grâce à la sueur versée par les travailleurs qui nous ont revendiquer si acharnement de meilleures conditions.
Et vous, êtes-vous du même avis que moi à ce sujet?
Travaillons-nous plus durement que nos ancêtres?
Lecture suggérée : http://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/histoire-des-travailleurs/
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